Témoignage : 29 mai 2010, une journée pas comme les autres…
20 nœuds de vent annoncé, 35 nœuds réels le matin, mer agitée.
Ciel couvert, pluie.
Je continue à mesurer au fil des heures le caractère exceptionnel de ce que j’ai vécu samedi…
Mon corps courbaturé ce matin me rappelle que les heures passées à bord, ont, au delà d’avoir été magiques, été très physiques, hors normes.
L’excitation du départ a été coupé nette à 10h00 par un BMS rendant la sortie impossible jusqu’à nouvel ordre pour des questions de sécurité. Si nous avions encore des doutes, Dame Nature nous rappelle que c’est elle, in fine qui décidera de la suite de notre journée et nous donne une des clefs de l’humilité des marins avec qui nous allons partager ces moments forts.
Quelques heures d’attente fébrile, bien occupées grâce à Mayeul qui nous fait partager sa passion lors d’une visite improvisée du musée de la voile puis d’un cours de météo high level, et l’info tombe, il est un peu plus de 13h00 et nous allons pouvoir embarquer !
Les 10 participants que nous sommes, les yeux brillants, s’agitent pour se rééquiper de pied en cap et se dirigent rapidement vers le pont semblant craindre l’arrivée d’un météorologiste trop zélé qui nous demanderait de rester à quai.
Les heures qui vont suivre sont indescriptibles, la notion de temps échappe, le contrôle de son corps
également. La mer, le bateau ont indéniablement le dessus. On perçoit, à défaut de savoir le mesurer, le courage, la force, la détermination qui habitent les skippers surtout par gros temps. Très vite nous passons le cap des 30 nœuds, tout le monde est bluffé, sonné… trempé… C’est un petit peu comme si on venait de passer de l’autre côté du miroir… le mal de mer qui tout doucement s’installe (je serai la plus touchée) n’enlève rien au bonheur. Cependant ses manifestations me submergent, traverser le bateau lors des changements de cap devient un périple, je me sens à la fois minuscule et héroïque. La perte de repère est complète et la contracture dans le bras droit que je ressens ce matin encore m’indique que je devais me cramponner; … et pourtant pas une seconde je n’ai été inquiète faisant toute confiance à l’équipage et me laissant porter.Merci Mayeul, David, Jean-Pierre et Brice pour votre accueil et le partage de votre passion.
Je le supposais, je le sais aujourd’hui, on ne triche pas en mer.
Le retour sur la terre ferme, bien que confortable pour mes viscères, aura été difficile… je me suis sentie orpheline, j’ai eu la chance de toucher du doigt un autre monde qui tout doucement se referme et je laisse mon pied, mon cœur, mes tripes en travers du quai.
Je ne regarderai plus jamais une course au large de la même façon.
Isabelle D.
A bientôt j’espère, pour d’autres aventures!
Bernard Legrand Bonjour
J’ai découvert une façon de naviguer bien différente de ce que je connais en monocoque ou en petit cata, une autre dimension de la voile.
Merci à vous quatre pour votre disponibilité, votre compétence, votre gentillesse.
Bonne semaine et bon vent.
Olivier Anouil
Suite à notre conversation téléphonique en fin de semaine dernière, je te confirme avoir vécu une expérience exceptionnelle il y a dix jours lors de notre sortie avec Mayeul. Je te remercie pour ton accueil et ta gentillesse. Malheureusement cette sortie a été écourtée du fait de la météo et du problème sur les safrans. Je t’avoue donc avoir eu un gout de trop peu !!!
Alors, quel que soit votre décision sur un éventuel dédommagement, je souhaite refaire une sortie. J’ai convaincu un ami de casser sa tirelire pour m’accompagner. Nous souhaitons donc connaitre les disponibilités sur le mois de septembre.
Dans l’attente de te lire,
Très cordialement
Bertrand CLAQUIN
Bonjour Brice, Mayeul, David et Jean-Pierre… et l’equipe du 29/05.
Je crois que je vais me laisser tenter par refaire une journée complète, quitte a y laisser des plumes en plus, cela va dependre des dates, et des dispos, etc… J’attends les dates avec impatience, car je suis tres loin de lorient (nice)! pour les plumes, je les économiserai les dix années à venir en faisant de la voile sans moteur (je rigole, on a pas 50 ans tous les jours).
Voici mon temoignage et mes sensations , peut être (sûrement) faussées par le fait que je navique sur un petit monocoque de 8 m…
Premiere sensation : je suis sur un monstre, tout est dimensionné d’une facon que je ne comprends pas, et pourtant, il semble que ce bateau (mais est-ce vraiment un bateau ?) est une plume, toutes proportions gardées…
Ensuite, beaucoup de tension pour le départ, car il y a vraiment beaucoup de vent, de la pluie, ce BMS qui a fait monter l’incertitude, et cet équipage qui semble reduit ne cherche-t-il pas coûte que coûte à faire une sortie quitte à prendre des risques… Je n’ai pas peur de barboter dans l’eau en cas d’accident, mais j’ai peur pour le bateau…
La manœuvre de départ est insensée… avec ce zodiaque qui translate le tri perpendiculairement à l’axe de ses coques… Mais elles servent à quoi alors ces coques ?
Après avoir hissé péniblement les (centaines ?) de kilos de la grandvoile, le bateau en marche arriere (encore un truc dingue), on commence à naviguer dans un sens normal.
Dans le chenal, première accelération, je perds instantanement tous mes repères, il n’y a pourtant que la grand-voile.
Une fois en eau libre, et la trinquette deployée, première vraie accelération qui me fait monter les larmes aux yeux, heureusement qu’on prend des embruns et de l’eau de mer plein la figure, ca passe inaperçu ! David et Jean-Pierre ont les mains sur les winches de gv et de chariot, ça semble limite a mes yeux, mais c’est du pur bonheur.
Vient le moment ou Mayeul me propose la barre… aucun repère habituel, çaressemble à un Hobbie Cat à la puissance 10, pas de penons, aucun repère d’angle de vent, il n’y a que la vitesse pure et les secousses des coques dans les vagues comme repères… Quand je suis sur le bon compromis, l’engin accelère jusqu’a sembler dangereux, 5 degrés d’un coté ou de l’autre, coup de frein, et on se traîne à 15 nœuds (désolé du peu…).
Je cède ma place poliment au suivant, mais avec une grosse frustration interne (si!)
Le vent baisse petit à petit, et Mayeul nous montre le vent réel en nous mettant au grand largue, stupéfaction, il n’y a que 15 nœuds de vent… Pour ainsi dire rien… Reprise du cap, et hop, 25 nœuds… Donc le vent apparent doit friser les 40 nœuds ??? Il y a pourtant 2 ris dans la GV, et seulement la trinquette… c’est dingue ce truc !
Nous rencontrons d’autres bateaux, qui semblent arrêtés, leur barreur fait d’ailleurs des yeux ronds, j’ose à peine imaginer la vision qu’il a eu…
Mayeul fait renvoyer le second ris, et passe la barre des 30 nœuds… Tout le monde est cramponné au trampoline. J’ai compris les vertus du trampoline ! Quand on vomit, c’est propre instantanément, et on peut se cramponner n’importe où !
Le vent remonte à nouveau, et une avarie de barre précipite un peu le retour, mais les traits semblent tirés, certains estomacs ont dejà profité des vertus du trampoline… il ne faut pas abuser !
Pas de chance pour la méteo, mais bon, quand on fait de la voile, c’est de toutes facons toujours le vent qui decide !
La frustration (le mot est trop fort mais je n’en trouve pas de meilleur) ne vient pas de là ! Elle vient du fait d’avoir entendu parler de sorties par beau temps ou l’équipage, euh, je me laisse emporter… Je veux dire les visiteurs, ont pu cumuler chacun environ une heure de barre, et ont collectivement atteint le seuil ou il deviennent autonome dans certaines manœuvres… Et puis nous avons eu quelques minutes de glisse sur une zone de mer totalement plate… Serais-dejà drogué ?
Donc, j’espère à bientot… J’avais en tête que je ne vivrais ça qu’une fois dans ma vie…
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